L’ADEME* présente une étude de sciences humaines et sociales qui montre que certains événements de la vie sont  propices à l’adoption de pratiques éco-responsables. Parmi eux, le déménagement et la naissance d’un enfant. Nous reprenons ici les résultats essentiels des études d’Isa ALDEGHI, Nelly GUISSE, Colette MAES  et Charlotte MILLOT (ADEME, CREDOC).

Changer, pas besoin d’événement, tout le monde aime ça, non ?

Ah le changement… de la publicité aux discours politiques on nous affirme que nous aimons le changement, que nous n’aspirons qu’à cela. L’innovation n’est-elle pas une vertu cardinale de nos sociétés modernes ?

Que nenni ! Le changement est un processus difficile à mettre en œuvre, qui appelle la remise en question de nos habitudes. Car l’habitude nous rassure, comme le constatent les autrices citant une universitaire spécialiste de la question : « ces routines qui dictent nos comportements présentent l’avantage de stabiliser la vie quotidienne et de réduire la charge mentale liée aux arbitrages ».

L’ADEME a d’ailleurs produit un guide très épais sur le sujet du changement et propose des formations régulières pour former les acteurs de la transition écologique… à accompagner leurs publics vers le changement !

Toutes les occasions ne se valent pas

Quand on mesure la difficulté à changer, on comprend qu’il faut profiter de toutes les occasions pour le mettre en œuvre. Malheureusement, toutes ne se valent pas.

L’étude de l’ADEME met en avant quatre types d’événements de la vie ayant des potentialités contrastées d’impulser un changement écologique :

  1. « Les ruptures choisies (et les plus souvent anticipées), qui induisent des changements de pratique pérennes » : émancipation du foyer parental, emménagement en couple, arrivée d’un enfant, accession à la propriété, retraite
  2. « Les ruptures subies qui imposent un changement de pratique. Ces sont des accidents de la vie […] qui engendrent de nouvelles contraintes matérielles et entravent les modes de vie habituels » : de l’indisponibilité de son véhicule personnel à des maladies plus ou moins invalidantes
  3. « Les ruptures subies […] qui n’imposent pas automatiquement de changement de pratique, mais peuvent contribuer à alimenter le processus de réflexion sur les comportements habituels, ou le sens donné à la vie » : des pics de chaleur ou des sécheresses à des maladies chroniques voire au deuil d’un proche
  4. « Les ruptures associées à une parenthèse dans le quotidien telles que les vacances ou les fêtes de fin d’année ».

Deux « ruptures choisies » à fort potentiel : la grossesse/naissance et l’accès à la propriété

Parmi les ruptures choisies, la grossesse/naissance et l’accès à la propriété sont les deux événements qui favorisent le plus des changements forts et pérennes (source : ADEME) :

Grossesse et arrivée d’un enfant

Les autrices soulignent que « les préoccupations d’ordre sanitaire amènent, au moins dans le domaine de l’alimentation et des produits ménagers et cosmétiques, à adopter des comportements plus favorables à l’environnement, et ce dès la grossesse. Des changements qui peuvent s’inscrire dans un cercle vertueux, avec l’élargissement à d’autres domaines ou à toute la famille […] ».

Bien entendu, certains comportements défavorables peuvent aussi se mettre en place, comme chauffer davantage son logement.  ”Une plus grande sensibilisation pourrait aider à prévenir ces comportements »selon les autrices.

L’accession à la propriété

L’étude souligne que « les critères de proximité des principaux services et du lieu de travail sont particulièrement importants ». Constat est aussi fait que l’influence des professionnels rencontrés dans les magasins de bricolage peut être « déterminante » pour investir dans des équipements performants par exemple.

Bien évidemment, le moment de l’accès à la propriété est aussi propice à l’analyse des performances énergétiques du logement. Différents dispositifs et d’autres professionnels rencontrés, comme les notaires, peuvent également favoriser la réalisation de travaux énergétiques.

Bien faire les choses

Ces changements vers des pratiques plus écologiques n’arrivent pas comme par enchantement. L’étude souligne plusieurs éléments essentiels pour favoriser leur adoption :

  • Miser sur la complémentarité des acteurs et des dispositifs mis en œuvre (information, aides, etc.)
  • « Faire passer des messages positifs »
  • « Ne pas être dans le registre de l’injonction ou de la culpabilisation, mais donner confiance »
  • « Saisir toutes les occasions pour répéter des messages simples »

Les autrices insistent pas ailleurs sur la nécessité pour les particuliers de pouvoir réaliser des « choix éclairer » et donc de :

  • « Connaitre l’impact concret des bonnes pratiques »
  • « Pouvoir hiérarchiser les bonnes pratiques »
  • « Se rassurer sur leur capacité à agir » en constatant que « différentes actions peuvent être mises en place en minimisant les efforts »
  • « Connaitre et identifier les aides auxquelles ils peuvent prétendre »
  • « Expérimenter certaines pratiques »

 

Et si le changement c’était pour maintenant !

 

*Agence de la Transition Écologique